jeudi 30 avril 2009

Saint-Sébastien, de Botticelli à Keith Haring


©Keith Haring Foundation

L'un des martyres favoris des artistes est celui de saint Sébastien. D’abord représenté sous les traits d’un homme mûr et barbu il a pris progressivement la forme d’un jeune éphèbe attaché à un poteau et criblé de flèches. Cette représentation, même si elle est peu vraisemblable, le chef des gardes prétoriens de Dioclétien ne pouvant être un adolescent, a complètement occulté la première et est devenu l’une des icônes de la communauté homosexuelle. Parmi les représentations modernes, la plus marquante est certainement celle de George Lois et son portrait de Muhammad Ali en couverture d’Esquire, la plus kitsch, celle de Pierre et Gilles et la plus décalée celle de Keith Haring. Le BAM, Musée des Beaux-Arts de Mons (Belgique), consacre prochainement une exposition à ce dernier, intitulée Keith Haring : All-over. Pièce maîtresse de l'exposition : une série de 28 peintures sur plaques métalliques, jamais exposée dans son intégralité, pour un total de plus de 70 mètres de long.

Keith Haring : All-over
Du 09 mai au 13 septembre 2009


© George Lois

© Pierre et Gilles

mercredi 29 avril 2009

Lucky Luke en avance sur la Loi Évin à cause de la télévision américaine

En écho à l’affaire des retouches d'affiches présentant Jacques Tati ou Audrey Tautou en Coco Chanel, je lis partout que Lucky Luke a dû lui aussi arrêter la cigarette à cause de la Loi Évin. Une intéressante interview de Morris recueillie par Michel Paquot pour le compte du webzine Cinergie en 1996 nous apprend que si le motif de santé publique est invoqué, la Loi Évin n'y est pour rien. En effet, c'est au moment de l'adaptation de la série pour la télévision américaine en 1983-1984 que Lucky luke a troqué sa cigarette contre un brin d'herbe. L'extrait qui suit réaffirme du même coup les rapports compliqués entre humour et respect du politiquement correct.

“...Cinergie : Lors de l'adaptation de Lucky Luke en dessins animés pour la télévision américaine, vous avez rencontré quelques difficultés avec la censure...


Morris : Tout ce qui est produit pour la télévision et les enfants là-bas doit passer devant une commission de censure très sévère. Encore une fois, sous prétexte que le gosse a tendance à s'identifier au héros, il y a des tas de règles à respecter. J'ai du en priorité supprimer la cigarette, que j'ai remplacé par un brin d'herbe. Il m'était par ailleurs interdit de représenter un groupe ethnique de manière négative. Les Mexicains ne pouvaient plus être dessinés endormis parce que cela insinuait qu'ils étaient paresseux; les Chinois ne pouvaient plus tenir de blanchisserie, mais bien des restaurants; les Noirs ne pouvaient plus être employés comme domestiques et les Indiens ne pouvaient plus parler un mauvais anglais. On a alors fait ce gag de montrer un chef indien parlant un parfait anglais d'Oxford. Comme je ne pouvais pas montrer Lucky Luke d'un côté avec un brin d'herbe, de l'autre avec une cigarette, j'ai définitivement remplacé celle-ci par celui-là à partir de Fingers. Il faut reconnaître que, dans le premier long métrage réalisé en Belgique chez Belvision, il fumait énormément. Suite à la suppression de la cigarette, j'ai d'ailleurs reçu une médaille de l'Organisation mondiale de la santé. »

Photo: DR

lundi 27 avril 2009

Qui se souviendra dans dix ans à quoi ressemblait la « skyline » new-yorkaise avant 2001 ?

La tragédie du World Trade Center en 2001 est pour moi l’image la plus forte de ce début de siècle. Vécue en direct par des millions de téléspectateurs la destruction de ce symbole de New York est elle-même devenue un symbole et a beaucoup d’incidences sur notre lecture des images. Impossible de regarder une banale photographie d’avion survolant une ville sans y penser.

Je me souviens d’avoir cherché en 2003 des photos de New York pour le compte d’un client dans un CD d’images libres de droits, j’avais alors été frappé par l’omniprésence des tours jumelles dessinées par Minoru Yamasaki. Il est frappant de comparer a posteriori ce CD avec le résultat d’une recherche sur le site de Gettyimages. Si vous tapez « New York Skyline », vous n’obtenez que très peu d’images où les tours apparaissent. À tel point, que j’en viens à me demander si dans dix ans beaucoup de monde n’aura pas oublié à quoi elles ressemblaient.


Ji Lee, Directeur de création du Google Creative Lab à New York a lancé un projet de sauvegarde des logos où figure le World Trade Center dans la fameuse « skyline » new-yorkaise. Le site wtclogo.com rassemble ces logos ou enseignes graphiquement assez disparates mais qui ont pris une valeur de témoignage depuis la disparition de ce symbole de la ville.


De nombreuses ressources photographiques existent par ailleurs, qui comprennent également des photos de l’intérieur, en particulier du restaurant « windows on the world ». En voici quelques-unes :


http://www.nyc-architecture.com/GON/GON001.htm


http://manhattan.about.com/od/september11th2001/ig/World-Trade-Center--1970-2001/index.02.htm


http://www.photovault.com/Link/Cities/New/YorkCity/Places/WorldTradeCenter.html

dimanche 26 avril 2009

Perrier et Dali, retour aux sources...

La nouvelle campagne Perrier signée par l'agence Ogilvy nous présente la vision apocalyptique d'un monde fondant sous l'effet du réchauffement climatique (seule la fraicheur de Perrier résistant à l'envolée du thermomètre). Ces objets liquéfiés ne sont pas sans évoquer les montres molles de Dali...

Citation, hommage ou emprunt, il est amusant de constater que l'artiste avait créé en 1969 une affiche pour la marque...
Publicité Perrier, 1969, par Dali

© DR

samedi 25 avril 2009

Ne pas toujours croire ce que l'on voit...

Ceci n'est pas un blog sur la photographie, mais plutôt un espace de réflexion sur les images fixes ou animées. Leurs sens cachés, leurs détails, leurs légendes, les copies, parodies, mensonges, faux-semblants sont autant de thèmes que vous pourrez retrouver au fil des posts. Dénoncer les petits travers des images dont nous sommes envahis peut vous paraître bizarre de la part d'un professionnel de la communication. J'espère que cela ne vous empêchera pas de prendre plaisir à me lire.