lundi 30 novembre 2009

3D, la nostalgie de la facette


© Eric Testroete

À l’heure où les images 3D créées pour le cinéma sont de plus en plus difficiles à distinguer des prises de vues « réelles », je vois apparaître dans d’autres domaines, graphisme, web, photo, sculpture, vidéo une certaine nostalgie pour les premières représentations 3D facettées. Ce qui était au départ une contrainte technique devient un choix artistique (comme pour le pixel art).

© Xavier Veilhan

Cette tendance s’accompagne souvent d’une transposition dans le monde réel, comme chez Xavier Veilhan et certaines de ses œuvres exposées à Versailles ou Eric Testroete et son étonnant masque d’halloween (ci-dessous et en haut).

© Eric Testroete

Ce masque me trouble pour plusieurs raisons. Il m’évoque d’abord le travail de pionniers comme Rebecca Allen et son clip pour « Musique non stop » de Kraftwerk datant de 1986.



Il me fait ensuite penser aux expériences de réalité augmentée utilisant Papervision3D que l’on voit fleurir sur la Toile. Papervision3D, qui est d’ailleurs à mon avis un peu à l’origine du regain d’intérêt pour cette forme de représentation. Le projet REC YOU réalisé par le studio japonais non-grid pour le Walkman de SONY en est emblématique.



Faut-il y voir une nostalgie d’une période où l’homme avait le sentiment d’être supérieur à la machine ? Une référence à un âge d’or informatique idéalisé ? Ou s’agit-il tout simplement d’un code « vintage » dans la représentation numérique ?

Veilhan à Versailles c'est ici...
Eric Testroete, ici...
Rebecca Allen, ici...
Non-Grid, ici...

lundi 16 novembre 2009

La frénésie du savoir anecdotique


© Young design studio

À quelle vitesse une mouche vole-t-elle ? Combien de fois par jour un être humain cligne-t-il des yeux ? Combien de bûches de Noël sont-elles consommées chaque année en France ? Autant de questions dont la réponse peut paraître parfaitement inutile, voire insignifiante. Toutefois, il suffit de constater le succès de l’application pour smartphone « savoir-inutile », ou du défi en ligne Trivial Pursuit™ experiment pour être convaincu du contraire.

© Hasbro

Le site "learnsomethingeveryday" est une illustration parfaite de cette tendance. Heureusement, ils assaisonnent ces chiffres avec une bonne dose d'humour qui leur conserve leur futilité.

© Young design studio

Cependant, cette «vaporisation» du savoir envahit peu à peu les écrans grands ou petits à grands renforts de quiz, de jeux-concours ou d’émissions. Cette frénésie de la statistique, du chiffre qui parle, gagne même les sources d’information traditionnelles qui se convertissent peu à peu à cette façon de décrire le monde. Il y a plus de sucre dans un citron que dans une fraise, la chaise électrique a été inventée par un dentiste… Devant un tel bombardement de données, difficile de hiérarchiser, de classer, de différencier l’essentiel du superflu, de prendre du recul. Qui sait ? Dans quelques années, peut-être faudra-t-il revoir notre façon d’enseigner l’histoire ? Ce qui donnerait, par exemple : Napoléon a gagné 82% des batailles qu’il a livré en tirant en moyenne 19 000 coups de feu, ou, lors de la retraite de Russie, 98% des soldats de la Grande Armée ont reconnu avoir eu froid aux pieds…

Si vous voulez enrichir votre savoir anecdotique, c'est ici, ou
Pour le tester, c'est ici...

vendredi 6 novembre 2009

Le quotidien exposé de Jean-Claude Delalande


© J.C. Delalande

Il nous regarde, impassible. Nous donne le sentiment d’avoir fait irruption chez lui par hasard et nous met dans la position de l’intrus. Depuis plus de dix ans, Jean-Claude Delalande passe tout son temps libre à mettre en scène son quotidien. Il fait participer ses proches, sa compagne, son fils, reconstituant des situations figées, souvent cocasses, parfois inquiétantes. Le personnage qu’il campe a un air tellement empreint de mutisme et de résignation qu’il en devient attachant. Si son physique fait penser à Michel Houellebecq ou Jacky Berroyer, son expression, elle, est directement inspirée de Buster Keaton. J’aime dans son travail l’effet de série. Quand on voit deux de ses images, on ne peut s’empêcher de chercher la suivante, Jean-claude repasse, Jean-claude à la plage, Jean-Claude et les joies des meubles en kit…

© J.C. Delalande

© J.C. Delalande

© J.C. Delalande

© J.C. Delalande

Parmi ses thèmes, mes préférés sont «Mariages» et «Tentatives», sans doute parce que ce sont ceux qui sont traités avec le plus d’humour.

Le Centre Culturel Français de Belgrade lui consacre une exposition jusqu’au 25 novembre. À ce propos, je vous conseille le commentaire très juste de Sophie bardet, directrice-adjointe du Centre.

Život u fotografiji, izložba Žan-Kloda Delalanda
Francuski kulturni centar
Zmaj Jovina 11, Beograd, Srbija

VIA